Ronsard revisité
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautés laissé choir! Ô vraiment marâtre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté. Ronsard | Mignonne, allons voir si l'arthrose Qui ce matin tant m'ankylose Depuis qu'a sonné mon réveil Pour clore une nuit de sommeil Aura perdu de sa vigueur Après un footing d'un quart d’heure. Las ! Voyez comme sont les choses, Il faudrait que je me repose. Mes maux, loin de se calmer Las, las, ne cessent d'empirer. Ô vraiment, marâtre nature Avec l'âge la douleur perdure ! Donc, si vous m'en croyez, mignonne, Tandis que votre âge bourgeonne En sa plus verte nouveauté Avant que ne ternisse votre beauté, Pour assouvir toutes envies Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie !
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